Jack...let's go for 2007 !
Je le dis sans aucun désir de provocation, il faut que l’état d’esprit change chez certains de nos militants. Il faut aussi qu’il change chez ceux qui ne nous rejoignent pas, tout en nous côtoyant. La responsabilité, ce n’est pas une charge qui pèse sur les seuls représentants désignés d’une collectivité. C’est également un devoir partagé entre tous, et cela vaut tant pour moi-même que pour tout militant, quelle que soit sa section d’appartenance. Nous avons le "privilège" unique d’être des hommes et des femmes de gauche, c’est à dire de nous êtres emparés, à un moment ou à un autre de notre histoire personnelle, pour des raisons diverses, de cette capacité, parmi les plus précieuses de toutes, de penser le monde et de ne pas accepter, pour nous même et pour les autres, la fatalité et la loi du plus fort. Nous sommes réunis au sein d’un parti de transformation, dont le destin est, quelles que soient les circonstances, de réfléchir, de donner à penser, de défendre l’espoir pour tous et d’agir chaque fois que nous le pouvons pour évacuer la violence dans la collectivité. Je défendrai, toujours, comme je le fais ici même, le liberté de parole. Je combattrai de la même manière les dérapages qui dénaturent les fondements du Socialisme. La violence est inacceptable. Nous sommes tous, aujourd’hui, confrontés à la violence politique et à la violence sociale. Il y a du désamour entre les habitants de notre pays. Il y a du repli sur soi. Il y a ces tentations, parfois abouties, d’adhérer à ceux qui prônent, dans notre pays, une forme de purification aux multiples aspects. Nous sommes confrontés, tous ensemble, à un défi que je crois sans précédent. Soit nous allons vers une mise au point avec nous-mêmes, et nous acceptons de relever la tête au nom des principes fondamentaux qui régissent la démocratie et la république, soit nous accompagnons passivement, en perdant notre énergie en de vaines attaques les uns contre les autres, un mouvement de déchéance qui créé, chaque jour un peu plus, de la souffrance. Il est temps, plus que temps, de concentrer nos passions non plus en regardant notre nombril, nos chefs de file, nos petites baronnies, mais en regardant la ligne d’horizon de 2007. Voulons-nous vivre jusqu’en 2012 - au moins - sous le régime actuel ? Croyons-nous pouvoir vivre encore comme cela pendant les 7 années qui viennent, en incluant l’année et demie qui nous séparent des prochaines grandes échéances électorales ? Et quels risques sommes nous prêts à prendre face à cet enjeu ? Je le dis clairement ici en espérant que chacun voudra bien y réfléchir. Nous ne pouvons pas prétendre accueillir au sein de nos sections les nouveaux venus, ceux qui viennent nous enrichir de leurs idées, de leurs énergies, de leurs volontés, dans un certain mépris voire même, parfois, à coup de carabine. Tout cela pour préserver des équilibres qui ne répondent qu’à des ambitions personnelles. Il faut cesser de se voiler la face. Le Parti Socialiste doit prouver, militant par militant, qu’il est apte à appliquer, dans les faits, les principes qu’ils revendiquent en paroles. Ce n’est pas aux responsables du parti de faire cela. C’est à tous ceux qui, sur le terrain, dans la vie quotidienne, ont cet immense possibilité de rendre notre accueil chaleureux, constructif, et de faire respecter l’exercice de la démocrate et l’amour de la république. Je le dis tout aussi clairement, à l’attention de ceux qui se sentent proches de nous mais nous reprochent, assez injustement je pense, de manquer d’idées. On ne peut pas subir l’Histoire, refuser d’intervenir dans cette Histoire, refuser d’y prendre sa part et de se montrer responsable, et critiquer dans le vide en fustigeant la politique comme la source de tous les maux. Pour élire, il faut des électeurs. Pour agir, il faut des acteurs. Pour mobiliser, il faut des gens qui pensent, qui modèrent, qui permettent à chacun de se frayer un passage dans cette jungle sociale difficile. Je souhaite aussi répondre à ceux qui, depuis des mois, répètent à l’envie que nous autres, Socialistes,sommes responsables de la dette de la France, de la violence, des échecs de notre pays. Je crains qu’ils n’aient de toutes façons aucune disposition réelle à entendre ma réponse. Qu’ils sachent, cependant, qu’un pays est fait de choix permanents et qu’il n’existe aucune fatalité. Qu’ils sachent qu’il faut être solide, qu’il faut avoir un profond sens commun, pour conduire une nation. Qu’ils sachent que rien n’est plus précieux que de défendre des principes sans lesquels on ne peut rien créer. Qu’ils sachent, aussi, faire enfin la différence entre la droite et la gauche. Entre Chirac et Mitterrand. Entre de Villepin et Jospin. Entre Sarkozy et Vaillant. Qu’ils se réapproprient cette capacité de jouer pour leur propre camp et non, en permanence, de tirer contre les leurs. En 2007, nous aurons rendez-vous avec nous-mêmes. Avec une France pluriculturelle, aux croyances multiples, aux couleurs diverses, aux traditions mêlées. Nous aurons rendez-vous avec des millions de personnes en état d’urgence. Nous aurons rendez-vous avec ceux qui n’ont pas encore le droit de voter quant ils s’acquittent pourtant des taxes comme tout citoyen français et quant ils participent à l’économie du pays. Nous aurons rendez-vous avec bien des contradictions, des malheurs, des attentes, qui seront effrayantes au fur et à mesure que nous en prendrons la mesure dans la terrible campagne électorale qui s’annonce. Face aux plus grandes difficultés, dans mon existence, j’ai eu besoin de me rappeler qui je suis. J’ai eu besoin de me rappeler d’où je viens, pourquoi je me suis engagé, pourquoi je vis chaque jour. Faites adhérer. Accueillez et rassemblez. Nous sommes socialistes. Jack Lang |