Si la Gauche Savait (Michel Rocard)...

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Je n'ai pas manqué de me pencher, avec attention, sur le dernier livre de Michel Rocard "Si la Gauche Savait"...

Au delà du parcours politique exceptionnel de Michel, de sa rivalité et ses antagonismes connus avec F.Mitterrand...c'est un socialiste de coeur et de tête qui transparait dans les entretiens avec George Marc Benamou ( Editions Robert Laffont / Prix 20 euros ).

Michel Rocard, au destin politique parfois difficile, montre toute l'intensité des combats entre la première et la seconde gauche mais aussi..toute sa sensibilité, son approche politique dès tout jeune avec ses rapports tendus avec son père ( génie scientifique ) et ses premiers choix ( orientation personnelle vers Sciences Po ) ou expériences ( observation en...tant que tourneur-fraiseur dans les laboratoires de l'Ecole Normale Supérieure, sanction paternelle liée au choix pour Sciences Po, du milieu ouvrier et de ses caractéristiques...Scoutisme...Intérêt au Protestantisme ), sans parler des chocs personnels ( à 14 ans en tant que scout...présence au Lutétia en aout 1945 pour aider les rescapés des camps de concentration nazis ).   

De grandes périodes politiques ( Guerre d'Algérie, Mai 1968, Mai 1981, Présence en tant que premier ministre à Matignon ) et de nombreux "leaders" ( Mitterrand, Fabius, Jospin, Delors... ) sont évoqués avec justesse, parmi un tableau socialiste finement brossé par Michel...avec bien sûr sa plume acerbe, sa pensée directe mais au combien réfléchie.

Michel Rocard, un homme politique qui laissera sa trace dans l'Histoire du socialisme français... n'hésitez pas un peu de réflexion, de lecture sera très profitable alors que notre PS cherche son unité, sa force et son dynamisme pour décoller au XXIéme siècle.

Jean

Ps : un article sur ce livre...de France 3 !

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Comments

[Roquette Syntaxe]

Dans le paysage ravagé de la politique français post moderne, il est une dernière figure qui incarne à mes yeux tout ce que peut être le génie français.

Michel Rocard cumule en effet un certain nombre de caractéristiques que l’on prête volontiers au héros de cet étrange pays :

Un looser d’abord ; écrasé par l’ombre de Mitterrand son rival : plus grand, plus fort, impitoyable, cruel et raffiné, ce dernier est un méchant parfait pour rocky à qui il a savonné la planche pendant plus de 20 longues années pour finalement l’écraser tel Dark Vador l’aurais fait d’un jeune Padawan…

Looser incompris qui plus est, dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est brillant mais dont le phrasé trop complexe, la volonté de na pas simplifier les choses par honnêteté intellectuelle s’avèrera un boulet d’autant plus insurmontable qu’il est couplé à un manque de mauvaise foi et de méchanceté. Un handicap insurmontable dans les joutes bysantines du pouvoir parisien.

Looser incompris qui continue inlassablement son œuvre au sein des institutions européennes une fois sa carrière française grillée par une ultime campagne européenne perdue d’avance. Un barroud d’honneur qui ne peut être qu’un acte de fois en l’europe (version fédérale), un acte quasi masochiste pour un raclée électorale en rase campagne, lâché par Mitterrand, lâché par les caciques du PS pour essuyer seul ou presque les plâtres de 20 années épuisantes de désenchantement de la gauche.

L’image de Rocard est celle d’un petit homme rabougris dont les discours intellectuels et boursouflés de fantaisies bizarres (comme le délicieux « fichtrement ») reste incompréhensible au commun des mortels. C’est ainsi qu’il a été décrit par les guignols dans une continuité rare avec son personnage du bébète show.

Mais Rocky lui, il s’en fout, il voit plus loin. Il aura sa revanche dans les livres d’histoire, c’est sur, le temps travaille pour lui.

Ses réalisations personnelles d’abord :

1/ Résolution de la crise calédonnienne dont on mesure aujourd’hui la sagesse alors que s’écroulent les uns après les autres les ilots pacifiques trop vite précipités dans l’indépendance sous les effets de la corruption généralisée de l’exploitation outrancière de ressources et de conflits sociaux endémiques. Seul regret : que la Nouvelle Calédonie n’ai pas pu monter d’équipe nationale de foot à tant pour éviter que Christian Karembeu sévisse en équipe de France.

2/ Le RMI qui fait partie du paysage français et que nous envient tous les parias, les freaks, les artistes maudits, les paumé… des damnés de la terre du 21 siècle ne sont plus les travailleurs spoliés, ce sont les RMIstes et Michel Rocard est leur Karl Marx.

3/ Son œuvre se poursuis au sein des instances européennes où il développe le micro-crédit, invente et structure une politique européenne de coopération et d’aide au développement efficace en Afrique.

4/ En 2004, il prend position contre les brevets sur les logiciels, un débat d’une importance capitale pour le développement mondial du savoir, un débat de gens plus jeunes que lui (de RMIstes diront certains) un débat dont toute la vieille classe politique française se fout complet. Lui seul en France a sentir les enjeux qui entourent cette question et à avoir pris courageusement position.

C’est que Rocard à une vision historique et englobante. Il sait dire les vérités qui ne sont pas faciles à entendre.

Vision 1 :

Il savait que le socialisme devait s’adapter à la logique de marché et inventer une nouvelle gauche. Non il ne s’agit pas du New Labour de Blair qui engrange succès sur succès en ce moment, c’est ce que Rocard disait à la fin des années 70 (avec de nombreuses nuances comme toujours chez lui), lui qui avais parfaitement vu dans quel mur allais foncer la doctrine Miterrandienne.

Vision 2 :

Il sait également que l’europe à pour destin manifeste d’être un empire romain d’orient face au nouvel l’empire romain d’occident américain qui domine le monde qu’on le veuille ou non. Et plus tôt cette Europe arrivera, mieux le monde se portera. C’est le seul homme politique en France à avoir exprimé cette idée à ma connaissance. d’autres le pensent sans doute mais n’ose le dire par calcul à courte vue.

Même quand c’est pour régler des comptes, Rocky le fait avec une classe qu’il met au service de la vérité.

Comment prendre sa revanche sur Mitterrand ?

En disant en 1998 qu’il n’était pas un honnète homme ? Cette phrase qu’aucun homme de gauche n’osa et n’a osé prononcer jusqu’ici a occulté la vraie revanche, celle de la vérité enfin révélée.

1997 : Michel Rocard est mandaté en mission d’enquête officielle au Rwanda sur les événements de 1994. L’enquête est si documentée, les conclusions si impossibles à entendre qu’elle passe inaperçue et sommeille depuis dans les tiroirs de l’état, comme un bombe à fragmentation historique qui explosera tout doucement a la face de Miterrand quand les historien se pencherons sérieusement sur cette période somme toute assez noire des années 90.

Non seulement ce rapport établis que les autorités françaises étaient complices de ce génocide dans sa préparation, mais aussi que l’opération turquoise n’a eu pour effet que de la prolonger et de couvrir la fuite des génocidaires. Et plus encore qu’un véritable travail de négationnisme de ce génocide avait été entamé immédiatement après avec, a l’instigation de ce travail, François Mitterrand lui-même. Je tiens évidemment l’intégralité de ce rapport à votre disposition si vous voulez vérifier.

Rocard ne s’arrête donc pas à la revanche personnelle, il la subordonne au combat pour la vérité et la mémoire, il appuie simplement là ou ça fait mal avec une lucidité qui transparais de manière magnifique lorsqu’on accepte de rentrer dans le verbe rocardien. Fouillis en apparence, celui apparaît toujours marqué par la modestie et une lucidité lumineuse pour qui daigne s’y plonger avec un minimum d’assiduité (ceux qui ont trouvé l’ensemble du défunt projet de constitution européen illisible peuvent donc passer leur chemin).

La France à toujours aimé les numéro 2 qui ont su perdre avec panache, peut être parce que c’est là toute son histoir : d’avoir toujours compté sans jamais parvenir à faire l’unanimité. Avec Michel Rocard, notre étrange pays est passée j’en ai la conviction, à coté de l’homme politique qu’il lui fallait. Il n’aurait pas été parfait, mais il l’aurait lui même reconnu et ça fait déjà une sacrée différence.